Négocier avec les Talibans?

Selon The Guardian, l’Arabie Saoudite parraine des négociations entre les Talibans et le gouvernement afghan pour terminer le conflit en Afghanistan. Un ancien membre des Talibans voyage entre Kaboul, le Pakistan, l’Arabie Saoudite, et le Royaume Uni pour négocier une paix entre les Talibans et le gouvernement de Karzai (et la communauté internationale qui le soutient). Selon le reportage, Londres soutient l’effort et provisionne les ressources logistiques pour faciliter l’effort. Des négociations seront nécessaires en Afghanistan pour arriver à une solution politique au conflit, mais une telle tactique ne peut pas réussir sans l’accord de Washington, ce qui est improbable à court terme.

      La violence monte en Afghanistan, et selon The Times of London, la population afghane a très peu de confiance dans leur gouvernement et redoute que les Talibans ne reviennent. Une combinaison d’une politique d’intimidation et des attentats tactiques par les Talibans ; des dommages collatéraux par l’OTAN et l’armée américaine ; et la corruption et l’incompétence du gouvernement afghan ont contribué à une dégradation de la sécurité et de la confiance en Afghanistan.

      De plus, les militaires des pays européens de l’OTAN (et l’armée canadienne), sont fatigués par une guerre qui dure depuis sept ans et qui consomme interminablement davantage de ressources et de jeunes soldats. Les américains vont bientôt envoyer plus de soldats en Afghanistan, mais la coalition risque de se fracturer par une guerre sans fin. La semaine dernière, l’ancien General Barry McCaffrey a déclaré devant The Atlantic Council que l’Occident doit rester 25 ans en Afghanistan pour atteindre ses objectifs. Cependant, les Canadiens vont partir en 2010 et les néerlandais vont quitter l’Afghanistan en 2011. Pour les Européens, le Royaume Uni inclus, l’heure est venue pour des négociations pour séparer les groupes du Taliban Tet arriver à une solution politique au conflit.

      Comment vont réagir les Etats Unis ? Il y a deux acteurs qui vont peser très lourd dans la résolution de cette question. D’abord, le General Petraeus vient d’assumer le commandement de CENTCOM, et il est chargé de reproduire ses succès irakiens en Afghanistan. Washington attend beaucoup du Général Petraeus. Mais il va trouver que la nature de la guerre en Irak contraste avec la situation en Afghanistan. Personnellement, je crois qu’il va devenir très frustré par les règles d’engagement limité de certains alliés européens et va changer la structure de commandement en Afghanistan pour permettre un combat plus agressif contre les Talibans et al Qaeda en particulier. Des négociations sous son commandement sont envisageables, mais seulement après des opérations militaires engagées sous l’Operation Enduring Freedom pour affaiblir les Talibans et améliorer l’environnement stratégique en Afghanistan.

      Deuxièmement, le nouveau Président américain pourrait rejeter des négociations. A ma connaissance, les deux candidats pour la Maison Blanche n’ont pas encore mentionné le concept de négociations avec les Talibans, une idée qui gagnerait (de mon estimation) peu de soutien public aux Etats-Unis.

      Si les alliés de Washington cherchent une sortie à la guerre afghane par des négociations, le nouveau Président américain pourrait se trouver isolé au sommet de l’OTAN à Strasbourg en Avril. Le Royaume Uni va être très important dans le débat au sein de l’Alliance. Les élites américaines ont une très haute estime des opinions anglaises, de leurs capacités militaires et de leur influence politique dans cette région. Tandis que Tony Blair a échoué à éviter une crise Euro-Atlantique sur la question de la guerre en Irak, Londres (et Gordon Brown) pourrait exercer son influence et sa crédibilité à Washington pour chercher un compromis et avertir une nouvelle division entre les Etats-Unis et ses alliés, indispensables pour le futur de l’Afghanistan.  

2 Réponses

  1. Il est bien difficile d’imaginer un scénario dans lequel John McCain pourrait soutenir avec brio des négotiations avec les Talibans, comme si ces derniers sont des membres légitimes de la communauté internationale. Obama non plus, mais pour le parti républicain c’est impensable.

    Curieux aussi que l’on attend le même degré de « succès » que nous avons eu en Irak pour le transplanter en Afghanistan. Ça dépend votre définition de « succès » je suppose.

  2. Déja réunir les 2 commandements occidentaux sur le terrain en une seul entité devrait permettre de mieux gérer la situation. Quand aux  »négociations », rappellons que ce pays en est guerre civile depuis 30 ans…

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